Arte fête ses 10 ans dans le jeu vidéo : avec vous ?
Producteur et éditeur atypique, ARTE compte à son catalogue des merveilles vidéoludiques made in France. Ligne éditoriale, missions, ressources : la chaîne ne compte pas s’arrêter en si bon chemin.
« ARTE fait des jeux vidéo ? Mais non, c’est pas vrai ? » : je ne compte plus le nombre de fois où j’ai assisté à cette réaction mi- outrée, mi- étonnée. Encore trop peu connue dans son rôle d’éditeur et de distributeur, ARTE a pourtant réussi, en l’espace de 10 ans, à se faire une place dans l’industrie tout en conservant une ligne singulière. Un mantra en trois temps : des jeux d’auteurs, originaux et accessibles au plus grand nombre.
Depuis que la chaîne franco-allemande a investi le champ vidéoludique, ce ne sont pas moins de 17 coproductions, 12 éditions et 8 nouvelles productions qui sont en cours. Des chiffres qui semblent ravir Marianne Lévy-Leblond, directrice des créations numériques pour ARTE France et Adrien Larouzée, responsable du pilotage des projets numériques. « Nous distribuons aujourd’hui dans 176 pays sur une dizaine de plateformes différentes » égraine ce dernier, « on compte plus de cinq millions d’unités téléchargées, mais aussi plus d’une centaine de prix ou de sélections dans divers festivals ». Parmi eux, celui de l’impact culturel d’Apple et celui du meilleur scénario à l’occasion des Google Play Best Of 2022 pour Inua : A Story in Ice and Time.
Le jeu vidéo est un champ de création important dans le domaine de la culture. — Marianne Lévy-Leblond
ARTE ne segmente pas ses audiences, elle tend à les multiplier pour toucher de nouveaux publics. « Ceux qui jouent ne sont pas forcément ceux qui regardent la télévision ni ceux qui visionnent les web-séries », explique la directrice, « aujourd’hui, il y a plus de joueurs que de non-joueurs ». Preuve en est, la RTBF, la radiotélévision belge de la communauté française s’intéresse depuis peu à la coproduction de jeux vidéo.
Le potentiel créatif avant tout
N’imaginez pas trouver dans le catalogue une réplique des AAA en tête de gondole dans les grandes surfaces : si ARTE se refuse à parler de jeux indépendants, elle embrasse volontiers les termes de « jeux d’auteurs ». Comprenez : une création à petite échelle, « à taille humaine, proche de l’artisanat », détaille Marianne Lévy-Leblond, « on cherche à être surpris et à surprendre, que ce soit par la narration, le game design, les thèmes… on mise avant tout sur l’aspect créatif ».
Les jeux se doivent d’être mémorables et accessibles, une obligation pour le service public : des titres traduits en une multitude de langues, avec des thèmes universels, sur un maximum de machines. C’est ainsi qu’on retrouve des jeux sur PC et consoles, mais aussi mobiles ou bien encore des expériences développées pour la réalité virtuelle ou augmentée.